Jacques Chirac et le football, un mariage de passion et de raison

Décédé de ce jeudi à l'âge de 86 ans, l'ancien Président de la République a su devenir un symbole de la victoire des Bleus à la Coupe du monde 1998.
La famille de Jacques Chirac vient d'annoncer le décès de l'ancien président de la République ce jeudi à l'AFP, à l'âge de 86 ans. Député puis Premier Ministre avant de devenir chef d'état de 1995 à 2007, le fondateur du RPR a rapidement su comprendre que le football avait des enjeux qui dépassaient le terrain.
Directement, viennent à l'esprit plusieurs images : son immense joie lorsque l'Équipe de France remporte la Coupe du monde 1998 à la maison. Même s'il ne connaissait pas tous les noms de l'effectif d'Aimé Jacquet (une séquence aujourd'hui culte) aujourd'hui et qu'il a réalisé un lapsus lui aussi devenu célèbre en confondant ce trophée avec la Coupe de France, Jacques Chirac s'était pris en jeu en célébrant la victoire des Bleus comme s'il était le premier supporter de cette équipe.
Présent dans la victoire, celui qui a dit non à George Bush pour la guerre en Irak en 2003 l'était aussi dans la défaite. À Berlin, en 2006, il est l'un des rares acteurs présents dans le vestiaire des Bleus à s'être entretenu avec Zinédine Zidane peu après son carton rouge et la défaite aux tirs au but face à l'Italie (1-1, 4-5 t.a.b.) Difficile de savoir 13 ans après ce que les deux hommes ont échangés entre eux. Depuis 1998, ils s'étaient liés et échangeaient de temps en temps sur les échéances Bleus mais aussi des sujets d'actualité.
France-Algérie 2001 et Bastia-Lorient 2002 : deux terrains à déminer
Après le slogan black-blanc-beur et l'effervescence des Français pour ce sport populaire mais parfois mal-compris, Jacques Chirac a rapidement compris que le ballon rond était également un objet politique et social. Il y a eu le France-Algérie de 2001 avec l'envahissement de la pelouse du Stade de France. Ce soir-là, le Président avait décidé de quitter la tribune officielle, très embarassé par cette scène qui a compliqué ses relations diplomatiques avec le pays du Maghreb.
La finale de la Coupe de France, Lorient-Bastia en 2002, a également été marquante avec les sifflets du public corse à l'encontre de la Marseillaise. "Sur le moment, cet incident m'a fait très peur, expliquait Claude Simonet, ex-président de la Fédération, à l'Équipe . Le calme est revenu et Chirac est resté. À la fin du match, il m'a remercié. J'ai, à la maison, la photo de l'instant où il tend le bras vers moi. On a l'impression que Chirac va me gifler. Mais, en fait, il me dit merci."
En dehors des tenues officielles et des grands rendez-vous des Bleus et des finales nationales, Jacques Chirac savait aussi profiter à son domicile des matches, comme le témoignait en 2014 son épouse, Bernadette, sur les ondes de France Info. "Quand il était président et qu'il y avait un match, ce n'était pas la peine de compter avoir une conversation quelconque, même sur un sujet banal parce qu'il était installé devant l'écran, il mangeait quand il avait le temps, il n'y en avait que pour le foot."
Jacques Chirac laissera le souvenir d'un homme politique qui a su profiter des belles années du football français. Avec sa personnalité et un certain flair, les triomphes des Bleus sont désormais liés à lui pour la postérité. Par ailleurs, il a su également rester sur ses gardes, lors des incidents qui conditionnent des rapports historiques et culturels, bien éloignés d'un simple match de 90 minutes.